mardi 29 octobre 2013

Érotique.

Les critiques d’albums sont assez rares sur ce blog, ce qui peut sembler paradoxal, pour ceux qui connaissent ma passion pour la musique et mon besoin d’écouter et d’émettre un avis sur tout type de galette qui me passe entre les mains. Cet article n’est pas une critique à proprement parler, il s’agit plutôt d’un hommage. En ce mois d’octobre, le disque Erotica, de Madonna, soufflait ses 21 bougies, pratiquement mon âge. C’est une des raisons de mon obsession pour cet album : il est un indicateur de l’ambiance de l’époque de ma naissance, de ses tabous, de ses sonorités, de ses thèmes récurrents et de l’avant-gardisme qui le caractérisait.

Véritable hymne de la femme trentenaire libérée et urbaine, les chansons vacillent subtilement entre la frénésie de ces années folles et l’isolement d’une newyorkaise esseulée et ne parvenant plus à suivre son train de vie haletant. Le grésillement offrant au disque son commencement plonge directement dans l’atmosphère sombre des désirs inavoués (et probablement inavouables). « Mon nom est Dita, je serai ta maitresse ce soir ». Dita, l’alias pervertie et fantasmagorique de l’artiste nous parle sadomasochisme, en décrivant ses délires les plus intimes et indécents, avant de nous parler de l’amour et de la fièvre qu’il engendre. Et quel amour ardent ! Sauf qu’on ne joue pas avec une Dita, et dans des titres tels que « Bye Bye Baby » ou « Thief of Hearts », on comprend qu’on a affaire à une femme nue mais aux gants de latex, qui, si elle le désire peut s’offrir, mais n’hésite toutefois pas à donner la fessée, voire un coup de canon pour régler ses comptes.

Mais sous ce masque de cuir aux allures perverses, se cache par moments un brin de femme fragile, à la déroute. Dans « Bad Girl », Dita décrit le chemin du deuil d’une relation terminée. Et le réalisme qui découle des paroles n’est que plus flagrant lorsque l’on se retrouve plongé dans une situation semblable. Alors on danse pour oublier, pour s’oublier, pour rencontrer. Et c’est précisément à ce moment que l’on en vient à regretter le vent de folie et l’esprit de communion de cette époque. Les sonorités fédératrices de « Deeper and Deeper » ne me lasseront probablement jamais. Mais boire, fêter, se défoncer, lassent au final assez vite. Et lorsque les confettis sont dans le sac de l’aspirateur, les projecteurs démontés, et les vêtements rincés de cette odeur de cigare, que reste-t-il ? On se retrouve chez soi, à attendre. Attendre d’oublier l’ex, de rencontrer le futur, d’être satisfait de sa vie. Attendre que son quotidien se secoue afin de miraculeusement nous apporter l’accomplissement de soi. Quelques chansons font état de ce sentiment rongeant.


Les messages contenus dans cet album ne sont pas uniquement les complaintes d’une popstar ennuyée de son train de vie délirant. Ils parlent énormément à tout le monde. Cet opus vous propose de vous assumer, vous et vos fantasmes, de vous protéger face aux agressions qui vous entourent, du sida aux beaux parleurs dont la langue peut certes vous faire rugir de plaisir, mais aussi vous transpercer et vous immobiliser au sol. Il vous prouve que les apparences sont trompeuses, et que l’effervescence apparente que vous pouvez simuler ne comblera pas un vide qui vous ronge de l’intérieur. L’album se clôt avec « Secret Garden » et la mystérieuse ligne «  Somewhere in Fontainebleau lies my secret garden ». Madonna n’a jamais expliqué cette phrase, et il serait au final déconcertant qu’elle le fasse. Cultivez votre jardin secret, une grande part de votre bonheur en dépend. 

vendredi 11 octobre 2013

L'effervescence du cimetière.

Je m’encourus de mon foyer qui ne peut plus m’abriter
De l’homme que je ne parviens pas à conserver à mes côtés
De ma mère qui me hante, bien qu’elle ne soit plus là
De mon esprit troublé, ne m’octroyant jamais de repos
Je fuis le bruit et le silence, l’effervescence de la ville.

Je m’encourus au sommet des arbres, trottinant vers les cieux
Vers le lac, à travers la pluie entremêlant mes cheveux
Pénétrant mes chaussures et ma peau,
Cachant mes larmes, dissimulant mes craintes

Je courus vers la forêt, je courus vers les arbres,
Encore et encore, à la recherche de moi-même

Je frôlai les chapelles et la vieille boite postale rouillée,
Je dépassai les vergers, et la femme qui ne dit jamais bonjour
Arpentant les vallées, je suis allé au cimetière
Et, retenant mon souffle, j’ai pensé à ton décès

Je courus vers le lac, à travers les vallées
Encore et encore, je m’y revois encore
Et je vis les pierres tombales à l’abandon
Une multitude de noms oubliés

J’ai goûté à la pluie, j’ai goûté à mes larmes
J’ai maudit les anges, j’ai goûté à mes peurs

Et le sol s’ouvrit sous mes pieds
Et la terre m’enlaça
Les feuilles recouvrirent mon visage
Les fourmis marchèrent sur mon dos
Le ciel noir s’ouvrit subitement, m’éblouissant

Je courus vers la forêt, je courus vers les arbres
Encore et encore, à la recherche de moi-même
Je traversai les lacs, escaladai les vallées,
Encore et encore, je m’y revois encore

Et je sentis sa chair brûlante
Ses os pourrissants
Sa décomposition

Encore et encore

Je cours encore aujourd’hui


dimanche 22 septembre 2013

A flots.


Des gouttes perlent sur mes joues couleur sanguine
Sont-ce des larmes, sont-ce des perles acides?
Sont elles gorgées de sable du Sahara ou d'une douleur assassine?
Une coupe pleine déborde sur mon esprit vide

Leur fraîcheur divague et fait fausse route
De mon menton barbu, elles tombent dans le vide
Où s'écoulent donc la peine et poids du doute?
Le long de la rigole, sillonnent ces fluides

Mais la tristesse de ce soir d'automne
Profite du terrain libre dans mon corps fragile
Pour s'installer, terrible et monotone
Et à mon cœur, se fixer, immobile

Un sentiment de détresse, insatiable
M'envahit de pore en pore, de tête en cœur
Ne reste de moi, vestige d'homme minable
Qu'un chardon mort de rancoeur

jeudi 19 septembre 2013

Le saule pleureur.

Il allait sans but, tel un nuage baladé par les vents d’est en ouest sans se soucier d’un quelconque itinéraire. L’âme tranquille et le pas léger, il se promenait donc à travers la foule de vies qui l’entouraient. Temple de quiétude dans l’effervescence urbaine, il se laissa emporter par un chemin sinuant entre la ville et ses abords davantage tranquilles. Chaque pas, chaque horizon nouveau le rapprochait un peu plus d’un lieu dont il ignorait encore l’existence, un lieu magique, correspondant comme aucun endroit au monde à l’état d’esprit qu’il reflétait. Peu à peu, les hautes tours dénuées de toute harmonie laissaient place à des champs de roseau et autres chênes dont l’âge impose le respect dans cette société où tout semble éphémère.

Le calme transparaissant de son allure désinvolte n’était pourtant qu’illusion. Sous ses mèches balayées au vent et ses yeux transperçant le paysage, ce garçon bouillonnait de sentiments destructeurs et invincibles. Les dernières nouvelles n’avaient pas été très bonnes, et son esprit commençait à se sentir épuisé d’avoir tant lutté contre ces fatalités. Ses petits poings endoloris et ses hématomes sur le cœur lui rappelaient à chaque instant autant de combats menés, que de défaites attristantes.  Son petit corps, basé mais mou, affaibli, mais encore vaillant, se devait de prendre le relais face à un épuisement à peine maquillé en quiétude.

Ainsi, il allait, et vint un moment où il n’alla plus. Une vision l’interpella. Ce fut d’ailleurs la première chose qu’il remarqua depuis le début de sa ballade, entamée quelques heures auparavant. Sous ses yeux s’offrit un paysage qui lui tint le souffle en haleine l’espace d’un instant. Un lac, siégeant majestueusement au creux d’une vallée de verdure. La pelouse, d’un vert printanier, s’étendait à perte de vue, tandis que le bleu du lac se liait à la grisaille des nuages qu’il reflétait. Un seul arbre apparaissait à quelques centaines de mètres, un saule-pleureur. Il contempla ce somptueux panorama, immobile, durant quelques minutes, puis, soudain entendit une puissante détonation. Les foudres qui avaient quitté son esprit à la vue de ce havre de paix signaient, non sans violence, leur retour. Un retour céleste cette fois. Et quelques secondes plus tard, de lourdes gouttes d’eau commencèrent à se jeter au sol, accompagnées du son et de l’odeur qui leur est caractéristique, lorsqu’un orage perturbe un été trop sec et chaud. Il laissa la pluie le recouvrir de cette sensation délicieuse, mais décida de s’abriter sous cet arbre en mécanique causée par le souffle de la nature.

Alors qu’il s’approchait du saule, celui-ci lui semblait tout à coup animé d’une vie incroyable. Les longues branches pendantes lui inspiraient la chevelure d’un homme agitée par un puissant mouvement. C’est alors que lui vint en tête cette question : « Pourquoi cette pure splendeur a-t-elle été dénommée « saule pleureur » ? Comme les tiges verdoyantes lui chatouillaient le cou, il décida de poser la question à l’arbre. « Saule pleureur, pourquoi es-tu si triste ? Ta chevelure de nature et ton écorce vive et rugueuse ne devraient-elles pas refléter de toi un végétal vigoureux ? Ton tronc, plus long que mon bras et tes innombrables branches ne font-ils pas de toi le roi de ce royaume de verdure ? » Le saule émit une réponse à laquelle le jeune homme ne s’attendait pas. Dans un sursaut d’effroi, il crut entendre, bien qu’il ne soit toujours pas certain que ces paroles ne soient pas issues de son imagination, ce discours : « Jeune homme, vous me semblez bien indiscret avec vos questions à répétition, et votre discours me fait briller d’une éloquence dont je n’ai nullement besoin. Je ne suis point triste. Je ne suis point joyeux. Je ne suis point fâché, ni nostalgique. Si l’on m’a ainsi dénommé, c’est parce que les gouttes de pluie coulent de mes feuilles verticales, telles des larmes parcourant un visage, avant de partir je ne sais ou, en coulant du menton. Je ne suis aucune de ces émotions, je les suis toutes. Je peux prendre votre désespoir, et le filtrer dans mes racines, comme je peux, si vous le voulez bien, partager votre fierté et vos sourires pour que mes bras les plus élevés puissent se couvrir de bourgeons. »

Lorsque la pluie cessa de tomber des cieux, il quitta l’étreinte de l’arbre pour observer ce paysage désormais déchiré par les éclairs s’éloignant peu à peu, et ce soleil resplendissant, offrant à la vallée un air nouveau. Il était maintenant serein et prêt à reprendre le chemin de la ville. Sa colère s’était comme évaporée, ses doutes, mais quels doutes ? Il ne se sentait plus tourmenté. Il alla alors, sans se retourner, de peur de rester prisonnier de la vallée. Il se promit à lui-même qu’à chaque peine de cœur, chaque échec cuisant, ou chaque moment extatique, il rendrait visite à son vieil ami, et c’est précisément ce qu’il fit.


Nous avons tous un saule pleureur autour de nous, même si parfois, nous restons aveugles à ses vertus. Et une clairière, et un orage, et un soleil, ouvrons les yeux, ils sont juste là. 

mercredi 4 septembre 2013

Si tu mets les voiles.

Si tu mets les voiles, en ce jour d’été, tu embarqueras dans ton sillage le soleil planant, les oiseaux s’élançant dans ce ciel estival, lorsque que notre amour était neuf, et nos cœurs élevés. Le jour était jeune, la nuit, longue et la lune immobile au son des oiseaux couche-tard.

Mais si tu restes, je t’offrirai un jour comme aucun ne fut jamais, ni ne sera à nouveau. Nous enfourcherons le soleil, dresserons la pluie, converserons avec les arbres et vénérerons les vents.

Et si tu pars, je comprendrai. Mais laisse-moi un soupçon d’amour pour le porter à mes lèvres sèches.

Si tu mets les voiles, et je sais que tu le feras, je t’implore d’ordonner au monde de cesser de tourner jusqu’à ce que tu te retournes vers moi, si un jour tu le fais. A quoi bon aimer si je ne peux t’enlacer? Permets moi de te dire, avant que tu lèves l’ancre, que j’agoniserai lentement jusqu’à ton prochain signe de la main.

Mais si tu restes, je t’offrirai une nuit comme aucune ne fut jamais, ni ne sera à nouveau. Je naviguerai sur tes lèvres, parcourrai ta peau, parlerai à tes yeux qui me sont si chers.

Et si tu pars, je ne pleurerai pas. Mais laisse-moi une part de ton cœur à contempler, attristé.

Si tu mets les voiles, et je sais que tu dois le faire. Il ne me restera plus rien au monde à idolâtrer. Seul dans une salle vidée, remplie de ce vide, comme ce regard vague sur ton visage blême. J’aurais été l’ombre de ta propre pénombre si cela m’avait permis de rester à tes côtés.


Si tu mets les voiles…

lundi 12 août 2013

Un Munich de perdu.

Un Munich de perdu…
Dix de retrouvés, vous me direz. Et c’est ce que j’ai moi-même cru avant de regagner cette ville qui un jour sembla si magique et belle à mes yeux. Malheureusement, tous les dictons ne sont pas bons à prendre ni à suivre. En prenant la décision pourtant très simple d’ouvrir une nouvelle parenthèse munichoise, je me suis retrouvé face à un miroir dévoilant une vérité bien cruelle.
Munich représente la liberté. Nous avons tous une ville de la liberté. Pour certains, il s’agit de Londres, Paris, San Diego ou Milan. La mienne, c’est Munich. Lorsque je m’y suis rendu à l’occasion de mon année sabbatique, j’ai, et ce pour la première fois dans ma vie, quitté la famille, les amis, les repères. Pourquoi s’infliger un tel défi ? Peut-être par besoin de sonder ma propre vie. Et ce fut une de ces révélations qui changent un homme. La ville est témoin de mes premières folies, excès et bêtises. Et quels moments. Entre cet aspect culturel, qui m’avait été inculqué, mais dont les études secondaires m’avaient détourné, mes sorties inoubliables dont il ne me reste que des bribes pour certaines, et ces diverses expériences personnelles, jamais je ne me suis senti autant changé, en si peu de temps. Tout à coup, je réalisais que je pouvais devenir ce que je voulais. Si je voulais devenir bilingue, j’en avais l’occasion, un grand sorteur, idem, une personne engagée, même topo. Munich 2009 fut pour moi un voyage initiatique, un mode d’emploi de ma vie. Certes, je n’ai pas été capable de déchiffrer tous les chapitres de ce manuel, n’étant pas un parfait germanophone, mais les fondements de mes valeurs les plus chères et de mes aspirations les plus ultimes sont nés dans cette ville.
Or, cette cité de beauté s’est, cette année, révélée n’être qu’une mascarade. Le Munich que j’ai vécu, traversé, piétiné, n’est plus celui qu’il était auparavant. J’ai trouvé la ville sombre, et laide. J’y ai vu une architecture très pauvre, dans sa globalité, quelques bâtiments mis à part. L’ambiance de liberté, et de légèreté que j’étais certain de retrouver, s’est comme évaporée pour laisser place à de la morosité et cette espèce de facilité à se conformer au reste des métropoles. Tout était lourd, ou bien étais-je sourd ? Non, des amis ayant vécu la même expérience que moi n’ont pas non plus revu le Munich de leurs souvenirs. La population y était très froide, même détestable. La nourriture était infâme, la gare de Münchner Freiheit ne respirait plus la liberté, mais le fric et la mocheté. Même l’accent, qui me semblait si charmant, des bavarois, en arrivait à me dégoûter. Chaque soir, je rêvais de ce paradis désormais englouti par la lave d’un volcan d’ennui. Je suis triste et déçu.
Je reviendrai à Munich, en tentant de ne pas comparer, ne pas préférer ou regretter, en étant un étranger. Et là, je vous dirai ce que j’en aurai pensé. Mais aujourd’hui, cette ville n’est plus qu’une partie de mon cœur, faite d’amour, et d’amer. 

lundi 5 août 2013

Une cage ouverte.

La boucle est donc bouclée.

Me voilà pour ainsi dire sorti de ce que certains appellent "le placard", un terme qui ne me correspond cependant pas. Lorsque l'on est séquestré dans un placard, on se retrouve dans l'obscurité fatale, dans des ténèbres dénuées de tout espoir. Certains évoqueront certes les rais de lumière provoqués par ces interstices permettant au meuble de ne pas empester le renfermé, mais cette tendance à broyer du noir, je ne l'ai jamais ressentie, du moins en ce qui concerne mon orientation sexuelle.

Non, le fait de mentir, et de peindre une toile de secrets, de non-dits et de silence en brouhaha m'évoque plutôt l'image d'une cage dont les barreaux de peur et de honte étaient suffisamment espacés pour me permettre de contempler, et même d'effleurer du bout des doigts les merveilles du monde m'entourant et me narguant. Je disposais néanmoins de la clef du cadenas assurant ma captivité, mais, dans un premier temps, je n'avais pas conscience de cette possession miraculeuse. Par la suite, cette fresque de liberté a exercé sur ma personne une espèce d'intimidation fantasmagorique. Je craignais le jugement, le rejet. Toutefois, et tel un papillon de nuit attiré par la lueur du néon, je ressentais cette velléité de scier ces barreaux d'acier me séparant du moi dont je rêvais. Aujourd'hui sorti de ma volière, je réalise à quel point j'avais tort de me méfier de mon entourage et d'avoir imaginé ne serait-ce qu'une seconde un dénouement tragique.

Je me sens désormais libre, mais cette sensation d'avoir perdu des années de vie, à mentir et à cacher qui je suis persiste et laisse un goût amer en bouche.


jeudi 1 août 2013

Les échecs.

Échouer fièrement ou pitoyablement, cela reste un échec. Cela reste pathétique et une certaine mort en soi.

C'est comme quand tu te sens comme une merde gisant au sol sous un jour de pluie. Et que tu es piétiné par un passant, maudit par tous ces gens. C'est Exactement ce que je ressens.

Les échecs sont un processus de dégradation (volontaire, parfois) de la vie. C'est un oui au non. C'est un "non, c'est non". C'est un "casse-toi" pauvre con.

Vivre un échec, c'est être? Nous ne sommes qu'échecs. Les uns brillent pathétiquement de leurs incapacités tandis que d'autres marinent dans la nuit, dans la mouise, attendant un nouveau tournant, espérant, riant, mais pleurant intérieurement...

Ah... les illusions... Il n'y a que ça de bon. Je l'attends toujours mon tournant à la con. Je pleure pour qu'il tourne, cet enfoiré. Ma vie est foirée. C'est une fête qui déraille, un rouleau qui s'étale, un arrêt cardiaque en ambulance.
Tellement. Le monde s'en balance de tes souffrances, de tes errances, de ta vie rance.
Un vinyl rayé, des pompes bousillées, un slip déchiré.

C'est alors un grand cru de vitriol qui s'annonce, un saut de l'ange du balcon ou une dégustation d'aspirines. Et C'est là l'aspect encore plus pervers de l'échec. C'est que l'échec entraîne l'échec.



L'oubli.

Ma crainte la plus aiguë, dans la vie que je mène tant bien que mal, est la peur de l’oubli. Tomber dans l’indifférence, dans l’absence de souvenirs bons, beaux comme mauvais et tristes semble à mes yeux être la pire punition que le destin puisse m’octroyer.

Pour cette raison, je me déchaîne à rompre les chaines qui me retiennent dans le noir, dans l’infâme quotidien de l’abandon. Mais cette lutte intense et ardue n’est pas toujours couronnée de succès. Si l’on peut dire, bien que cette idée soit fort peu souvent envisageable lorsque l’on se baigne dans un marais de soucis, que l’on oubliera les gens qui nous blessent, les moments de stress, mais pas les nuits d’ivresse – et par « ivresse », je ne fais pas référence à ces moments éthyliques qui nous permettent parfois de garder l’équilibre sur ce chemin de pilotis, mais à ces moments d’amour ardent - cette peur viscérale ne me quitte jamais complètement. Lorsqu’une relation touche à sa fin, elle revient en force, alors que durant les instants de bonheur intense, elle n’était que latente.

Pourtant, et étrangement,  à l’inverse de peurs telles que l’arachnophobie ou l’agoraphobie, je ne fuis pas devant cette inquiétude. Je ne la hais point. Et je ne voudrais pas oublier mon anxiété face à l’oubli. La crainte d’être délaissé et oublié peut être un moteur dans la vie, me propulsant  à travers les étapes de l’existence, en vue de laisser sur cette terre une pierre portant mon nom, des sourires m’étant destinés, des larmes à mon égard.

Car après tout, l’oubli, c’est la fin, c’est la mort. Comme un vieillard perd la tête et oublie sa liste de commissions ou le nom de ses petits-enfants. Je ne veux pas oublier que l’on pourrait m’oublier. Et je n’oublierai rien, du moins pas avant d’être emporté doucement vers l’au-delà.


Au final, si l’on m’oublie, le tort se portera sur la mémoire défaillante de la personne, ou sur son aveuglement. Mais moi, je ne vous oublierai pas. 

mardi 30 juillet 2013

Le voleur de baisers.


Il vole des baisers comme on vole des bonbons,
Dans son vent de liberté, personne n'ose lui dire non.
L'excitation d'une langue étrangère ne l'effraie guère,
Du moins lorsqu'il ne s'agit que d'une envolée passagère.

Il vole des baisers à des garçons fragiles,
Si frêles et bêtes, rien de plus facile.
Mais la passion ne doit durer qu'un instant,
Sans quoi, et il ignore pourquoi, une marée d'ennui le prend.

Il vole des baisers parfumés à la candeur,
Parfois au fric, à l'alcool ou à la peur.
Sous son air de Robin des Bois ou d'Arsène Lupin,
Il n'a que peu faire du gamin le lendemain.

Il vole des baisers en tendant des pièges,
Des miroirs aux alouettes dans des contrées couvertes de neige.
L'éclat dans les yeux y est d'autant plus pur
Mais il ne voit l'étincelle qu'une fois, c'est chose sûre.

Il vole des baisers par peur du froid et de la solitude
Il emmène son pigeon en haute altitude,
Puis le laisse choir, et se planter au sol, tête la première.
Déjà occupé sur un autre idiot, il n'entend pas les prières.

Il vole des baisers, et en volera encore longtemps
Les incendies qu'il provoque ne l'arrêtent pas pour autant
Roi des cendres, clochard des amours flamboyants
Le voleur se lave les mains de tout ce sang

Il vole des baisers, mais un jour viendra,
où de lui, plus personne ne voudra
A force d'embrasser des garçons peu débonnaires,
On joue, mais les tricheurs finissent toujours solitaires.

mardi 23 juillet 2013

L'autre.

Je m'évertue à bâtir un empire, pour le meilleur, pas pour le pire, de marbre rose et de dorures bien orné.
Mais l'autre est là.

Je tente de travailler au sein d'une collaboration trop belle pour être véritable, faite de beauté et d'insouciance, de jours de gloire, et de nuits blanches.
Mais l'autre est là.

Je scrute un ciel d'étoffe étoilé parsemé d'incandescents soleils, tel mon coeur brûlant pour ce garçon, lui voit un plafond sombre et triste, le tenant prisonnier d'un jeu dont il a oublié les règles.
Car l'autre est là.

Je rêve d'images, de voyages, de contrées à explorer, en la compagnie d'un être exquis, partageant lui aussi ce songe, dont je ne fais néanmoins pas partie.
Car l'autre est là.

Autrefois inspiré par une douce brise de sentiments pourtant sauvages, je le suis d'autant plus aujourd'hui, dans ce naufrage.
Oui, l'autre est là.

Hier au singulier, aujourd'hui au pluriel, victimes d'un passé composé de faussetés et de mensonges cruels, je n'aperçois plus de futur simple en vue, juste une survie conditionnelle.
Oui, l'autre est là.

Je pique, je brûle et j’égratigne, la peau, le coeur et le cerveau de celui qui m'avait calmé le dard, on dit que ça revient tôt ou tard.
Lorsqu'un autre est là.

Je deviens invisible, je sombre dans un océan de doutes, une marée d'une violence inouïe et un typhon de douleur: qu'importent les peines de coeur?
Lorsqu'un autre est là.

Et bientôt je ne serai plus là, las de vivre un chemin de croix, de bannière contre les agressions que m'imposent cette leçon, de me haïr autant que ces garçons.
L'autre sera-t-il là?

Et lorsque toi tu t'en iras, rejoindre mon monde où tout est plat, où la vie n'est qu'un vague souvenir de jours heureux à penser à l'avenir.

L'autre sera-t-il là?

mardi 16 juillet 2013

Entre parenthèses.


    Nous vivons un nombre incalculable de vies. De nombreuses personnes croient en la réincarnation, cette idée qu’un fil nous relie sans cesse à ce monde quelle que soit la forme que nous prenons. S’il s’agit d’une magnifique façon d’envisager les concepts de début et de fin, que par ailleurs je partage, ce billet ne traite cependant pas de l’après. Du moins, pas de l’après physique.
    
    Un corps, un cœur, un cerveau, et des milliers de personnes, voilà ce que chacun d’entre nous est. Nous sommes tantôt l’amant, tantôt l’amour. Un jour nous sommes aimés, le lendemain, ça n’est plus le cas. Nous sommes étudiants de la vie, de l’amour, de la passion, comme nous sommes professionnels du mensonge, du secret et de la liberté. Prenons le mensonge : les plus expérimentés parviennent à mentir à leur propre personne, d’autres à leur moitié ou à leur entourage. Pourquoi mentir, me demanderez-vous ? Parce que c’est facile. Et que la nature humaine est tellement inexplicable que la facilité est, dans la plupart des cas, une échappatoire à cette complexité ingérable.

    Pour concilier ces destins multiples qui sont l’essence de notre personne, il est souvent impératif de prendre en otage une partie de soi, de la cacher et la mettre entre parenthèses le temps de vivre une autre vie. Ces digressions semblent souvent s’imposer à nous, comme si tout à coup un mur s’érigeait en travers de notre route, et qu’un seul portail ne nous permettait l’accès à la suite. Or, ces murailles  sont parsemées de portes,  trappes et autres meurtrières à travers lesquelles nous pouvons nous faufiler, nous hisser. Les existences à mettre entre parenthèses sont entre nos mains, et le choix est nôtre. Une fois de plus, la facilité s’immisce souvent dans cette conversation avec nous-mêmes. Subir l’influence de son entourage, de nos rêves passés est bien plus simple que de tourner le dos à nos choix passés pour en faire un nouveau.

    Parfois, nous regrettons une partie mise entre parenthèses. Nous nous haïssons d’avoir opté pour une vie et pas l’autre, et un mur se dresse à nouveau devant nous, sans issue. C’est la mort. Mais la mort n’est pas, et ces vies laissées en chemin ne sont qu’entre parenthèses. Il ne tient qu’à nous de les rouvrir.


    Je plie bagages, adieu chapitre allemand. Je m’encours rouvrir les parenthèses de mon cœur. 

vendredi 19 avril 2013

Cyclo, tourbillon de vies.




Je ne fais pas souvent de promotions pour des artistes sur ce blog, mais de temps à autres, j’aime vous parler de mes coups de cœur musicaux. Si vous me connaissez personnellement, vous êtes probablement au courant de ma relation avec Zazie, une artiste française qui n’a pas hésité à se façonner son propre univers, quitte à être moins couronnée de succès qu’auparavant.

Le mois dernier, c’est avec « Cyclo », son huitième album studio, qu’elle est revenue. Je ne désirais pas me prononcer trop rapidement et vous sortir une critique erronée par l’excitation des premières écoutes, alors voici, avec un mois d’intervalle, mon avis sur ce disque unique en son genre.

La présentation de l’album – livret et pochette -  annoncent directement la couleur : l’album sera sombre et sans chichi. Après les 50 minutes de Cyclo, j’étais un peu déboussolé au départ. L’album semble être un réel voyage initiatique au monde de Zazie, mais aussi au monde que l’on s’est façonné soi-même, car il n’est pas difficile de s’identifier aux textes intelligents et bien tournés de Zazie. Certains passages sont agaçants et auraient pu être enlevés, pour l’harmonie de la pièce, mais au final, cet album est une vraie réussite. Voici mon analyse morceau par morceau :

Les Contraires : je dois rester sincère avec vous, ce premier extrait ne m’a absolument pas convaincu. Je l’ai écouté une fois, j’ai fermé ITunes (Il est loin le temps des cd singles…) et j’ai crié « QUELLE DAUBE ». La voix monocorde, la mélodie simpliste, la montée en puissance qu’on attend et qui n’arrive jamais, le thème des contraires, maintes fois illustré par l’artiste… Tant de déception. Puis j’ai compris. J’ai compris que l’album serait dans ce ton-là, quelque chose de dépouillé, sans grande démonstration musicale, et j’ai accepté. La chanson ne figurera jamais dans mon top Zazie, mais je ne la déteste plus.

Mobile-homme :  Un jeu de mots super original, pas du tout réchauffé de sa chanson « homme sweet homme ». La chanson est pas mal, mais bruyante, oppressante. C’est de l’électro pure, pas un seul instrument de musique. Oppressante car quand j’entends le titre, je me vois sur une autoroute en pleins embouteillages, dispute entre les parents. Le texte est cela dit bien ficelé, et l’ensemble n’est pas si mauvais que cela.

Je ne sais pas : Il s’agit là d’un de mes coups de cœur. C’est la chanson qui vous dit « ça y’est l’album a commencé ».  La musique installe un certaine mélancolie, un certain malaise, après la première seconde. Puis c’est la voix qui vous emporte. La voix d’une femme coincée entre la tristesse, le doute et la rage. La chanson est un mystère, son homme la trompe-t-il ? se fait-elle des idées ? Je ne sais pas. La montée en puissance de la musique est exceptionnelle et fait de cette chanson toute simple un chef d’œuvre.

Mademoiselle : Un peu d’orient en occident. Les influences sont assez évidentes après quelques notes. Un texte sur un thème qu’elle n’avait plus abordé depuis des années : la Femme. Ca n’est pas un sujet qui m’emballe particulièrement, mais la mélodie m’emporte, et tout en restant calme, me donne envie de danser. J’aime le mélange de sons électroniques et de piano.

Cyclo : Chanson centrale de l’album, cyclo parle des changements d’humeur qu’on a tous. Sur l’espace de dix minutes, on peut ressentir 3 sentiments différents, c’est assez fou. Cette chanson le démontre, dans la simplicité de deux notes, puis d’un son rythmé qu’on n’attendait pas. Il est rare que Zazie nous régale avec de longues chansons (plus de 5 minutes), mais qu’est-ce que c’est bon ! Le clip qui accompagne la chanson est également un délice de simplicité et de logique, par rapport aux mots de la chanteuse dans sa chanson.

Tout : Mon no-go. Cette chanson m’insupporte. Tout m’y insupporte : le thème, la musique, sa voix, le rythme. C’est loufoque, mais cette chanson peut me ruiner ma journée si elle est écoutée au mauvais moment. On sait que la consommation c’est nul, que c’est moche d’avoir un IPhone tout ça, tu nous l’as dit dans tes 5675654 derniers singles.  Et cette musique agressive, l’inexistence d’une intro, non je ne tolère pas la chanson.

Si tu viens : Une magnifique chanson de cul, tout en douceur. Je ne me suis rendu compte de la thématique qu’après plusieurs écoutes. Sous ses airs de jolie chanson prude, Zazie nous parle de jouissance d’une si belle manière. La chanson commence très sobrement, et termine avec de nombreuses voix et un rythme qui donne du relief à cette très jolie chanson.

Temps plus vieux : Sous son air de mauvais jeu de mots de niveau bac-à-sable, il s’agit là d’un des plus beaux textes de Zazie. Elle nous parle du temps qui passe, de la mort qui nous guette au coin de la rue. Mais pas dans la tristesse, non, dans le réalisme de la vie, et l’acceptation de l’âge. A nouveau, cette chanson est calme et sombre, sans pour autant valser dans le mélodrame. Un tour de force !

20 ans : LE single de l’album. Je dis « LE », car je doute que d’autres titres ne fassent leur apparition sur les ondes. C’est une chanson très rythmée, une des seules sur la galette. Une production très électro qui donne envie de danser… Mais qui ne rend pourtant pas joyeux. Le titre est empli d’une certaine ambiance qui glace le sang. Cette chanson n’est pas joyeuse. Ca ne s’explique pas. C’est cependant un excellent single, en espérant que les radios le passent.

Vienne la nuit : Une de mes chansons préférées de Cyclo ! Une plage tout à  fait inattendue qui commence par un phrasé parlé, et qui finit en berceuse macabre. La voix écorchée de Zazie, la musique quasiment absente, le rythme inexistant. Cette chanson est un ovni et il mérite sa place sur l’album. Une fois de plus, Zazie nous offre une longue chanson (6 minutes), et ça fait très plaisir !

Où allons-nous : A nouveau, on nous propose une ambiance originale, plongée dans de l’électro pourtant tellement douce, presque thérapeutique ! La chanson parle de la célébrité, et le résultat est très agréable. Six minutes de soins intensifs pour oreille, pour clôturer l’album ! Quoi de mieux ?

En conclusion, ce voyage, cet album, vaut vraiment la peine d’être vécu ! N’hésitez pas à vous procurer le disque car il est beau et fait un bien fou après une journée stressante ! Si vous avez des questions, n’hésitez pas à me contacter. Zazie fera à l’automne une tournée des Zéniths de France et passera également par Forest National le 6 décembre ainsi qu’en Suisse. 

jeudi 18 avril 2013

Le messager.

J'ai entrepris un long voyage, de coeur, de terre, d'air et de mer.

L'idée m'est venue sans crier gare, comme si je m'étais un jour réveillé sur une barque, un étrange commandant m'emmenant faire un tour. Un tour de force, tour du monde, des émotions et des couleurs.

Où allons-nous? Je l'ignore franchement. Mais laissons-nous porter par les vents et marées, chose à laquelle je ne suis pas habitué. J'aime tout planifier. Mais ce périple insouciant est une des plus belles expériences que j'aie pu entamer de mon existence.

Ce commandant fantasmagorique, cet ange venu me guider est un messager. Sans m'annoncer la destinée à destination, ni les escales pour y arriver, il m'emmène. Là où je scintille aux yeux de tous, comme à l'ombre de moi-même, il m'emmène. Des turbulences nous ont secoué, des doutes d'itinéraire nous ont vu nous égarer et des tempêtes ont pu nous emporter, mais que serait une vie sans bras cassé, sans casier?

Mais la route est belle, dégagée, et semble s'offrir à nous d'une manière si naturelle qu'aucune raison ne parviendra à me convaincre de reculer, de renoncer à mon messager. Dieu sait où nous allons accoster: des ports d'été, toundras hivernales ou manoirs hantés. J'en suis déjà excité.

Je l'aime, mon messager, tant qu'il me mène vers des contrées que seul, je n'aurais jamais visitées.