samedi 18 janvier 2014

Lessive de nuit.

     Je ne parviens pas à trouver le sommeil ce soir. Voilà maintenant près de quatre heures interminables passées à me tourner, me retourner m’allumer une cigarette, me recoucher, dans un sens, dans l’autre avec oreiller, sans peluche. Rien n’y fait. Qui cherche, trouve ? Laissez-moi rire. Je suis las de compter les moutons.

     Cela fait quelques temps que mon éveil se fait lourd. Je ne peux m’empêcher de ressentir une certaine dose de pitié envers moi-même. Eteindre l’ordinateur à cinq heures, pour me réveiller quelques heures avant la tombée de la nuit… Que suis-je devenu ? Qui suis-je devenu ? L’ombre de moi-même ? L’ombre de ton chien ? L’ombre de la nuit ?

     Jamais encore mon lit ne m’avait semblé aussi inconfortable, et le silence de ma campagne en pleine ville aussi bruyant. Mes démons me hantent, me traversent de part en part, laissant derrière eux un bien étrange frisson. Comme la clope digère une paire de poumons et effrite les bronches, installant son pouvoir de dépendance au plus profond de la boite crânienne, une part de mon âme est agressée chaque soir par ces averses acides de pensées nuisibles. Pourtant, il ne s’agit pas uniquement de sombres murmures. Le sentiment de nostalgie peut-il être qualifié d’obscur ? Qu’en est-il du doute et de l’autoréflexion ?

     Passent entre ma pupille et ma cornée les gens que j’ai aimés, ceux qui m’ont blessé, ceux qui me font me sentir plus vide que le néant, transparent. Transpercent mon cœur ces moments de bonheur impalpable à présent dispersés sur mes nuits passées. Effleure mes cordes sensibles ce Tom que j’ai toujours voulu rester, que je prétends être et qui me nargue depuis l’Eden que j’ai quitté. Coulent le long de mes joues de chaudes larmes, glaçant mon corps au fil des pores. Et cette malle de pensée, me barrant la route du sommeil libérateur. Ces promesses égarées, ces mots que je n’ai jamais pensés, l’intégrité que j’ai laissée de côté, ma légèreté feinte, prostituée… Et l’amour-propre, où est-il resté ? Et les sacrifices que j’étais prêt à semer, me frayant un chemin vers le bien. Être prêt à tout pour parvenir à mes fins, tout cela semble bien loin.


     Je ne ferme plus l’œil de la nuit, car il reste ouvert sur les fragments de ma vie. A quoi bon partir pour ces contrées enchantées que sont supposés être les songes, lorsque l’on a tant de choses à régler, de lions à dompter, de chaines enneigées à déblayer, de linge sale à laver ?