dimanche 29 juin 2014

Beauté fatale.

La mère t’a dit
T’es une jolie fille
Ce que t’as dans le crâne
Importe peu
Arrange les cheveux,
Va te faire refaire les dents
Ton attirail, 
C’est tout ce qui compte

On passe à l’étage supérieur
Remaquille ta douleur
Cette fois je décrocherai la médaille
Sans trébucher


Beauté fatale
Pleins feux sur le pire de tout
La perfection est l’épidémie de notre nation
Beauté fatale
Pleins feux sur le pire de tout
On tente de réparer quelque chose mais nul ne peut réparer ce qu’il ne peut guère voir,
C’est notre âme que l'on devrait soigner. 


Un peu plus blonde
Une poitrine plate
La télévision dit :
« Plus c’est gros mieux c’est »
Saint Barth, 
Sans sucres !
Vogue te dit :
« Plus t’es mince mieux c’est ! »

On monte encore un étage
Démaquille ta douleur
Cette fois, j'aurai la couronne 
Sans trébucher


Beauté fatale
Pleins feux sur le pire de tout
La perfection est l’épidémie de notre nation
Beauté fatale
Pleins feux sur le pire de tout
On tente de réparer quelque chose mais nul ne peut réparer ce qu’il ne peut guère voir,
C’est notre âme dont nous devrions nous occuper. 


Aucun médecin, aucun cachet ne peuvent combattre la douleur
Cette douleur au plus profond lorsque personne ne te libère de ton propre corps
C’est mon âme, mon âme dont tu dois te soucier

Les sourires de plastique et le déni ne te mèneront qu’à l’explosion, lorsque la façade rénovée te laissera dans le noir, à contempler dans un miroir brisé les restes d’un passé glorieux. 

Pluie d'été.

   
 Il pleut au crépuscule de mes pensées. L’air longtemps sec et aride qui s’est engouffré dans mes poumons durant des semaines caniculaires est teinté de larmes tombées du ciel. Hier encore, ce soleil impitoyable, cause de mon malheur me malmenait à bras le corps. Calfeutré dans mon antre à l’atmosphère de sécurité illusoire, j’attendais le retour de la pluie. Je payais cher chaque sortie de ma zone de confort. Je crachais du sang, de la sueur et les coups sur mon petit corps blême me rappelaient chaque jour le prix de mon amour. Averti, j’étais consentant, fasciné par ta lueur et ton aura. J’acceptais l’exposition au danger, en tenue originelle et prenais volontiers les rayons destructeurs sans chercher à les éviter, à m’abriter. Déshydraté, je ne tentais que de me vider davantage de mes ressources. Tu as brûlé à petit feu chaque centimètre de mon cœur disposé en offrande sur l’autel que j’avais dressé en ton honneur. J’aurais pu mourir tant le fanatisme s’était emparé de ma raison.


     Avec le temps, ma peau s’est endurcie, à coups de soleil, de mots et de maux. L’être blafard que j’étais lorsque j’ai connu ce bel astre, désastre, s’est transformé en animal des contrées ensoleillées. Je ne redoutais plus ta colère face à ma vie, que tu semblais prendre pour une provocation. Cependant, j’attendais ton départ pour sortir de ma grotte et rouvrir les yeux sur une contrée tellement plus nette dans la pénombre de la solitude. Aujourd’hui, les perles de pluie salvatrice frappent le sol en rythme, et je danse, heureux comme jamais dans cette poussière de boue. L’odeur de l’air m’est délicieuse, et j’ai sorti le télescope, à la recherche de galaxies encore inconnues. L’air rafraichi, chaleur de mon cœur me suffit amplement. Et tombe la pluie, et tombe ton aura sans cesse dégradée par l’ombre que tu as levée sur mon ignorance.