Dans la brume de mes pensées, pointillant un paysage boisé de fin d'été, faisant danser la lueur timide de la reine lune trônant fièrement par-delà la cime humide, s'offrit à mes yeux un tableau d'une splendeur exquise. Le trait brouillon, le contraste au flou le plus fou, l'émotion toute suggérée, non pas vulgairement dépeinte dans mes pupilles retroussées, aucun détail ne put me gâcher la vue.
A ce moment précis, un questionnement commença à tapisser mon esprit d'étoffes de doute et de vitraux d'incertitude. Que devais-je donc faire face à une telle scène? M'approcher à pas prudents en vue de cerner le cœur de l'action, m’immiscer au sein de ce fantasme et frôler du bout de mes phalanges nerveuses la beauté de cette oeuvre? Ou bien contempler de loin mon rêve, conserver la splendeur de mes pensées et fermer les yeux afin de voir plus distinctement dans le noir? Combien de fantasmes ont été brisés après avoir été trop profondément étudiés, réfléchis ou expérimentés? Combien d'hommes splendides se sont-ils révélés être des miroirs aux alouettes une fois le mystère de leur beauté percé? Combien de vies ont-elles été gâchées par une soif de vivre trop insatiable?
Qu'ai-je donc aperçu entre deux troncs de chênes bicentenaires, sous une lune d'hélium, dans le coin de mon esprit, me demanderez-vous?
Votre question demeurera sans réponse pour la complexe et mauvaise raison de ma pudeur. Sachez cependant ceci: les yeux fermés, j'ai résisté et ai prudemment contemplé mon bonheur de loin sans m'en approcher. Figurez-vous que c'est le tableau qui est venu à moi. Les yeux ouverts, je n'imagine plus cette scène de beauté, j'en suis devenu l'acteur.
vendredi 1 août 2014
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