mardi 30 juillet 2013

Le voleur de baisers.


Il vole des baisers comme on vole des bonbons,
Dans son vent de liberté, personne n'ose lui dire non.
L'excitation d'une langue étrangère ne l'effraie guère,
Du moins lorsqu'il ne s'agit que d'une envolée passagère.

Il vole des baisers à des garçons fragiles,
Si frêles et bêtes, rien de plus facile.
Mais la passion ne doit durer qu'un instant,
Sans quoi, et il ignore pourquoi, une marée d'ennui le prend.

Il vole des baisers parfumés à la candeur,
Parfois au fric, à l'alcool ou à la peur.
Sous son air de Robin des Bois ou d'Arsène Lupin,
Il n'a que peu faire du gamin le lendemain.

Il vole des baisers en tendant des pièges,
Des miroirs aux alouettes dans des contrées couvertes de neige.
L'éclat dans les yeux y est d'autant plus pur
Mais il ne voit l'étincelle qu'une fois, c'est chose sûre.

Il vole des baisers par peur du froid et de la solitude
Il emmène son pigeon en haute altitude,
Puis le laisse choir, et se planter au sol, tête la première.
Déjà occupé sur un autre idiot, il n'entend pas les prières.

Il vole des baisers, et en volera encore longtemps
Les incendies qu'il provoque ne l'arrêtent pas pour autant
Roi des cendres, clochard des amours flamboyants
Le voleur se lave les mains de tout ce sang

Il vole des baisers, mais un jour viendra,
où de lui, plus personne ne voudra
A force d'embrasser des garçons peu débonnaires,
On joue, mais les tricheurs finissent toujours solitaires.

mardi 23 juillet 2013

L'autre.

Je m'évertue à bâtir un empire, pour le meilleur, pas pour le pire, de marbre rose et de dorures bien orné.
Mais l'autre est là.

Je tente de travailler au sein d'une collaboration trop belle pour être véritable, faite de beauté et d'insouciance, de jours de gloire, et de nuits blanches.
Mais l'autre est là.

Je scrute un ciel d'étoffe étoilé parsemé d'incandescents soleils, tel mon coeur brûlant pour ce garçon, lui voit un plafond sombre et triste, le tenant prisonnier d'un jeu dont il a oublié les règles.
Car l'autre est là.

Je rêve d'images, de voyages, de contrées à explorer, en la compagnie d'un être exquis, partageant lui aussi ce songe, dont je ne fais néanmoins pas partie.
Car l'autre est là.

Autrefois inspiré par une douce brise de sentiments pourtant sauvages, je le suis d'autant plus aujourd'hui, dans ce naufrage.
Oui, l'autre est là.

Hier au singulier, aujourd'hui au pluriel, victimes d'un passé composé de faussetés et de mensonges cruels, je n'aperçois plus de futur simple en vue, juste une survie conditionnelle.
Oui, l'autre est là.

Je pique, je brûle et j’égratigne, la peau, le coeur et le cerveau de celui qui m'avait calmé le dard, on dit que ça revient tôt ou tard.
Lorsqu'un autre est là.

Je deviens invisible, je sombre dans un océan de doutes, une marée d'une violence inouïe et un typhon de douleur: qu'importent les peines de coeur?
Lorsqu'un autre est là.

Et bientôt je ne serai plus là, las de vivre un chemin de croix, de bannière contre les agressions que m'imposent cette leçon, de me haïr autant que ces garçons.
L'autre sera-t-il là?

Et lorsque toi tu t'en iras, rejoindre mon monde où tout est plat, où la vie n'est qu'un vague souvenir de jours heureux à penser à l'avenir.

L'autre sera-t-il là?

mardi 16 juillet 2013

Entre parenthèses.


    Nous vivons un nombre incalculable de vies. De nombreuses personnes croient en la réincarnation, cette idée qu’un fil nous relie sans cesse à ce monde quelle que soit la forme que nous prenons. S’il s’agit d’une magnifique façon d’envisager les concepts de début et de fin, que par ailleurs je partage, ce billet ne traite cependant pas de l’après. Du moins, pas de l’après physique.
    
    Un corps, un cœur, un cerveau, et des milliers de personnes, voilà ce que chacun d’entre nous est. Nous sommes tantôt l’amant, tantôt l’amour. Un jour nous sommes aimés, le lendemain, ça n’est plus le cas. Nous sommes étudiants de la vie, de l’amour, de la passion, comme nous sommes professionnels du mensonge, du secret et de la liberté. Prenons le mensonge : les plus expérimentés parviennent à mentir à leur propre personne, d’autres à leur moitié ou à leur entourage. Pourquoi mentir, me demanderez-vous ? Parce que c’est facile. Et que la nature humaine est tellement inexplicable que la facilité est, dans la plupart des cas, une échappatoire à cette complexité ingérable.

    Pour concilier ces destins multiples qui sont l’essence de notre personne, il est souvent impératif de prendre en otage une partie de soi, de la cacher et la mettre entre parenthèses le temps de vivre une autre vie. Ces digressions semblent souvent s’imposer à nous, comme si tout à coup un mur s’érigeait en travers de notre route, et qu’un seul portail ne nous permettait l’accès à la suite. Or, ces murailles  sont parsemées de portes,  trappes et autres meurtrières à travers lesquelles nous pouvons nous faufiler, nous hisser. Les existences à mettre entre parenthèses sont entre nos mains, et le choix est nôtre. Une fois de plus, la facilité s’immisce souvent dans cette conversation avec nous-mêmes. Subir l’influence de son entourage, de nos rêves passés est bien plus simple que de tourner le dos à nos choix passés pour en faire un nouveau.

    Parfois, nous regrettons une partie mise entre parenthèses. Nous nous haïssons d’avoir opté pour une vie et pas l’autre, et un mur se dresse à nouveau devant nous, sans issue. C’est la mort. Mais la mort n’est pas, et ces vies laissées en chemin ne sont qu’entre parenthèses. Il ne tient qu’à nous de les rouvrir.


    Je plie bagages, adieu chapitre allemand. Je m’encours rouvrir les parenthèses de mon cœur.