Ma crainte la plus aiguë, dans la vie que je mène tant bien
que mal, est la peur de l’oubli. Tomber dans l’indifférence, dans l’absence de
souvenirs bons, beaux comme mauvais et tristes semble à mes yeux être la pire
punition que le destin puisse m’octroyer.
Pour cette raison, je me déchaîne à rompre les chaines qui
me retiennent dans le noir, dans l’infâme quotidien de l’abandon. Mais cette
lutte intense et ardue n’est pas toujours couronnée de succès. Si l’on peut
dire, bien que cette idée soit fort peu souvent envisageable lorsque l’on se
baigne dans un marais de soucis, que l’on oubliera les gens qui nous blessent,
les moments de stress, mais pas les nuits d’ivresse – et par « ivresse »,
je ne fais pas référence à ces moments éthyliques qui nous permettent parfois
de garder l’équilibre sur ce chemin de pilotis, mais à ces moments d’amour
ardent - cette peur viscérale ne me quitte jamais complètement. Lorsqu’une
relation touche à sa fin, elle revient en force, alors que durant les instants
de bonheur intense, elle n’était que latente.
Pourtant, et étrangement,
à l’inverse de peurs telles que l’arachnophobie ou l’agoraphobie, je ne
fuis pas devant cette inquiétude. Je ne la hais point. Et je ne voudrais pas
oublier mon anxiété face à l’oubli. La crainte d’être délaissé et oublié peut
être un moteur dans la vie, me propulsant à travers les étapes de l’existence, en vue de
laisser sur cette terre une pierre portant mon nom, des sourires m’étant
destinés, des larmes à mon égard.
Car après tout, l’oubli, c’est la fin, c’est la mort. Comme
un vieillard perd la tête et oublie sa liste de commissions ou le nom de ses petits-enfants.
Je ne veux pas oublier que l’on pourrait m’oublier. Et je n’oublierai rien, du
moins pas avant d’être emporté doucement vers l’au-delà.
Au final, si l’on m’oublie, le tort se portera sur la
mémoire défaillante de la personne, ou sur son aveuglement. Mais moi, je ne vous
oublierai pas.
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