Je ne suis pas malheureux. Je n’en n’ai pas le droit. Je suis les études dont je rêvais, mes yeux ruissèlent d’images et de voyages. Je suis plus vif que jamais et mes rencontres m’épanouissent dans un monde qui m’est de plus en plus beau, de plus en plus limpide. Je suis pourtant incapable de signer l’armistice intérieur que mon cœur réclame, inapte à éteindre cet incendie.
Les déceptions amoureuses se suivent et se ressemblent. La solitude et le marasme se côtoient au plus profond de moi. Le plaisir passe et me dépasse. Nous sommes si proches, et pourtant cette barrière nous sépare. Je tente de la franchir pour te rejoindre mais tu t’enfuis. Là débute l’incendie. Et j’échoue, une fois de plus. L’échec personnel est bien plus douloureux que toute autre défaite publique. Il est moins humiliant, à moins qu’à mes yeux je me sente rabaissé par tes flammes en flèche. Les souvenirs partis en une épaisse fumée font bien plus mal que les vestiges calcinés. Ils nous disent « crois en toi », mais comment pourrais-je y parvenir si même le plus pur des amours ne croit pas en moi ? Alors saisis ma main, saisis mes mots et fuyons ce brasier.
Mais la situation serait bien trop simple si une amitié n’était pas en jeu. Mise au feu ? Non, nous sommes bien trop forts, bien trop intelligents pour tomber dans ce piège. Mais c’est pour moi comme une dose d’absinthe au dessus de laquelle on ferait bruler un sucre. Il va s’éteindre, ou se répandre sur mon cœur. Je brule déjà d’une amitié qui sera bien plus chaude, bien plus lumineuse que tout rêve d’amour qui sommeille en moi. Cendres de lune, cendres de nous, quoi qu’il advienne, nous en renaitrons, nous nous envolerons, mon ami.
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