mardi 15 mai 2012

MDNA: Clinique mais épique.


      Madonna est revenue en ce début d’année, avec de multiples projets. La reine de la pop voulait surprendre, d’abord avec son film W.E. , avec sa prestation au Superbowl (grande messe du football américain) et surtout son douzième album (hors live, compilations et bandes originales de films), MDNA. Voici ma critique, un mois après la découverte de ce nouvel opus. J’ai pris la décision d’attendre avant de me prononcer sur ce sujet, car je ne voulais pas être influencé par l’euphorie des premières écoutes. Je détaillerai la galette morceau par morceau, avant de vous livrer un avis global sur cet énième retour de la reine de la pop.

      L’album s’ouvre sur un acte de contrition, un pardon de la madone pour les pêchers qu’elle a commis durant ses trente ans de carrière, mais aussi et surtout pour les folies qu’elle s’apprête à faire. La prière du début n’est autre qu’une reprise de sa propre chanson Act of Contrition, qui clôturait l’album Like a Prayer. C’est avec Girl Gone Wild que démarre donc cet album. Il s’agit d’une chanson certes très dansante et au pouvoir dansant incroyable, mais quelque peu démodée. De la pure eurodance posée sur une mélodie un peu rétro, digne de ses débuts musicaux. L’intention du projet est directement annoncée : faire danser. Et quoi que l’on puisse en dire, la magie fonctionne.

      Madonna passe ensuite à Gang Bang, une des chansons, selon moi, les plus abouties de sa carrière entière, et définitivement la chanson la plus atypique de cette douzième rondelle. Madonna nous explique, sans regrets aucun, comment elle a tué son amant. Elle susurre, elle crie, elle hurle, la chanson est un vrai film encré par une transe infinie. Madonna a par ailleurs avoué avoir pensé à Quentin Tarantino lorsqu’elle a enregistré la chanson. Elle aurait aimé qu’il réalise la vidéo de la chanson, mais d’après ce dernier, le projet n’aboutira probablement pas. Ce titre, c’est ce que je voulais : de la prise de risque, des couilles. Je suis donc servi et je dois admettre que rien qu’avec ce titre, je ne me sens pas volé.

      Autre producteur, même virage, I’m Addicted parle de drogue et d’amour : une collocation de termes au final assez simple et déjà vue (Like a drug – Kylie Minogue), mais qui fonctionne à merveille. Du début du morceau, où la voix de la chanteuse semble « bouffée » par les sonorités électro, à la fin, où elle scande le désormais culte « MDNA MDNA », on voit le parcours d’une junkie de l’amour. Comme beaucoup d’autres chansons, les paroles sont fort imagées, et font très « cinématographique ».

      Turn up the radio, morceau suivant, est signé Solveig, et cela s’entend. Cette chanson, certes entrainante, ne semble pas vraiment décoller, et est surtout très semblable à Hello, du même producteur. C’est de la dance, c’est fun, c’est frais, mais ça n’est pas du Madonna.

      Give me all your Luvin’, véritable hymne du Superbowl 2012 résonne ensuite. La chanson est très fun et fraîche, bien que peu inventive. On la pardonne grâce au rythme effréné et à l’esprit très « adolescent » que la chanson renvoie. C’est, selon moi, un bon choix de premier single, et je dois avouer ne pas comprendre pourquoi la chanson n’a pas fonctionné commercialement. Peut être n’aurait-elle pas dû miser entièrement sur le Superbowl pour promouvoir cette chanson (et l’album en général),  car les retombées de l’évènement se font surtout sentir aux Etats-Unis.

      La chanson suivante, je la trouve inaudible, insupportable. Some Girls est pour moi l’Incredible (Hard Candy) de MDNA. Entre le rythme peu mélodieux et la voix ultra-retouchée. Madonna semble crier plus qu’elle ne chante, non vraiment, cette chanson, je la zappe.

      C’est une adolescente qui vient chantonner Superstar. On ne sent pas bien la présence de Madonna derrière la mélodie entêtante, mais le morceau n’est pas mauvais pour autant. Les chœurs de Lourdes, la fille de Madonna, apportent une fraîcheur inouïe à la pièce, et en se laissant emporter par le rythme et les chœurs, on oublie assez vite que Madonna a 53 ans alors que cette chanson semble être chantée par une gamine. Niveau paroles, c’est pas génial : on y voit des comparaisons entre son amoureux et différentes superstars.

      I don’t give A : Pour certains, c’est LA perle de l’album. Moi, personnellement, je n’accroche pas. Je n’aime pas la présence de Nicki Minaj, déjà. Ensuite, le rap ne me parle pas vraiment, bien que les paroles soient fort personnelles et que la star se livre dans cette chanson comme peu de fois dans sa carrière. Mais j’admets que les chœurs finaux me font tripper.

      I’m a Sinner marque un tournant dans l’album : la production de William Orbit (Ray of Light, notamment). Elle revient au producteur qui lui a permis de revenir en force il y a près de 15 ans. Mais la magie opère moins. Ne vous méprenez pas, j’adore ce morceau, mais j’ai l’impression d’entendre un remix Bollywood de Beautiful Stranger. Enfin, impression de remix ou pas, le morceau est bon, avec une voix suraigüe, mais un rythme qui donne envie de se trémousser, le tout sur un vocabulaire biblique.

      La chanson suivante, Love Spent, toujours par William Orbit, est une de mes favorites. J’aime l’idée d’une balade qui donne envie de bouger. Pas danser, bouger. On hoche inévitablement la tête en écoutant ce morceau. Il démarre sur un air de banjo, avant d’avoir du synthé et donc de l’électro. Un pont magistral coupe la chanson en deux parties, complètement différentes l’une de l’autre. La chanson parle d’un homme davantage préoccupé par son argent que par son cœur.

      J’aime beaucoup Masterpiece, chanson réalisée à la base pour les besoins de son film W.E. , mais je ne vois sincèrement pas ce que ce morceau vient faire dans l’album. Il fait très années 90, avec un rythme un peu latin, qui évoque de loin La Isla Bonita, et des paroles où Madonna concède que rien n’est indestructible. Mais le hic, c’est que la chanson ne correspond pas du tout à la ligne logique de l’album. Enfin passons…

      Madonna clôture alors l’album sur Falling Free (en tout cas pour la version normale de l’album). C’est une ballade très originale avec des sonorités inattendues, et des paroles fort personnelles où la chanteuse évoque notamment l’amour et la mort. Pour moi, c’est une des grandes surprises de l’album, et j’aime beaucoup cette fin. C’est une merveille.

Ensuite vient une série de chansons pour l’édition deluxe :

       Beautiful Killer, chanson dédiée à Alain Delon est une agréable surprise. Il faut en effet admettre que les chansons bonus, sont souvent des déchets non-gardés pour l’album, mais on a ici un morceau digne de figurer sur la version normale de l’album. Le rythme est sympathique, entre ballade et dance.

      Dans I Fucked up, Madonna admet ses erreurs et demande pardon. Je n’ai rien à redire au niveau des paroles, car je les adore. Mais musicalement, je n’adhère pas du tout. La chanson ne comporte qu’un seul enchaînement présent du début à la fin, et se révèle être au final très peu musical et surtout très répétitif !

      Avec B-Day Song, la star propose une nouvelle variante de chanson d’anniversaire. Musicalement, c’est peu intéressant. Niveau paroles, idem. Mais cette chanson a le mérite d’être fun et fraîche, et de pouvoir agrémenter vos soirées d’anniversaire d’un rythme inattendu !

      Enfin, dernier morceau de l’album, Best Friend, où Madonna est triste et parle d’une amitié perdue. Musicalement c’est pas innovant, mais surprenant. Niveau paroles aussi.

      En conclusion, j’aime plutôt ce nouvel opus, bien qu’il soit entaché de chansons impersonnelles ou inappropriées au concept. Dans cet album, la madone se confesse, pleure, fait l’idiote et se drogue. Bien que je trouve la production réussie, je ne peux m’empêcher de trouver l’album trop clinique. On ne ressent pas l’artiste en studio qui bosse sur ses compos. On a cette impression que l’album a été conçu en salle d’opération, où aucune bavure ne pouvait être tolérée. C’est un peu dommage, mais je suppose que c’était le but recherché, et je respecte. Je clôturerai en ajoutant qu’après trente ans, sortir un album comme MDNA est très courageux, car ça passait ou ça cassait. Elle aurait pu sembler ridicule, mais ça n’est pas le cas. Et tant mieux. Elle parvient même au final à boucler un tour de force, en proposant à ses fans de la première heure des mélodies très rétro, alliées à des sonorités actuelles, pour plaire aux fans qui ont grandi avec la Madonna de la décennie précédente. Que cette carrière continue !

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