jeudi 9 décembre 2010

La valse des faux semblants.


Elle est repartie, la valse des faux semblants : visages benêts, sourires figés et plaisirs glacés. Ce mois de décembre ouvre le bal des joies feintes et des bonheurs illusoires.

Nous devons rire, c’est Noel. Offrons donc des cadeaux à cette foule d’âmes qui nous indiffèrent. Faisons preuve d’altruisme et donnons aux pauvres. Les autres mois ? Pourquoi ça ? Il n’y a que Noel qui nous rapproche. Visitons la famille et soyeux heureux ensemble, ce n’est que pour un soir, alors faisons l’effort. Rien n’est triste en décembre. Les innombrables sans papiers et autres SDF mangeront comme nous, de la dinde farcie. C’est ça, la féérie. Nos manipulateurs de médias ajoutent même un soupçon de fête dans leurs programmes (non sans conserver les images les plus commerçantes).

Les seules personnes vraiment heureuses en décembre, ce sont les commerçants. Eux se frottent les mains de tant de bonnes intentions. Consommons du foie gras. Je déteste ça, mais c’est festif, alors consommons. Buvons du champagne de luxe. C’est la fête et on est content. Où voit-on le plus de neige ? Dans les vitrines pardi ! La neige, c’est tellement magique. Surtout sur les routes.

Oh, parlons cadeaux, maintenant. Il fallait trouver un seul moment de l’année où l’on peut faire plaisir à ses proches, de manière globale et généralisée. Et on a trouvé : Noel. La chasse aux cadeaux est ouverte à la mi novembre. Le but du jeu, étant de trouver les accessoires les plus « in » et qui nous feront briller auprès de notre entourage. Quelle fierté d’offrir les cadeaux les plus enchantés. Les enfants méritent des présents de plus en plus chers, de plus en plus sophistiqués. Sans compter les cadeaux forcés. Que personne ne me dise qu’il n’offre jamais de cadeaux à contre cœur, de cadeau bouche-trou, de cadeau fourre-trou.

Reste le nouvel-an à aborder. Car oui, une nouvelle année, c’est vraiment quelque chose qui change toute notre vie. C’est tellement incroyable. Alors on sort, même si on n’aime pas ça. Alors on boit, on fait les pouffes en buvant du vin. Mais ouvrez les yeux, bon sang. Votre nouvel an, c’est de la merde.

Et tout le monde entre dans la danse. Car c’est chouette, les fêtes.

Pensons plutôt aux crève-la-faim, en dégustant nos toasts. Et au coin du feu, songeons un peu à ceux qui, sans toit, se réchauffent d’une bouteille trouvée. Les enfants soldats, les femmes opprimées… Leur réveillon doit être tellement festif.

Il semble que Noel est le seul moment de l’année où l’on a le droit, et même l’obligation, d’être heureux. Mais arrêtons ça. Pitié. C’est pitoyable de s’amuser sans s’amuser, pendant que notre monde s’effondre.

Alors ne me souhaitez pas la bonne année.

1 commentaire:

  1. Je suis de ton avis. L'année dernière, j'ai passé le réveillon de nouvel an avec mes deux frères. J'ai fait une bouffe potable, juste celle de d'habitude, on a bu de la bière jusqu'à être saoul, comme d'habitude. On a oublié de se souhaiter "bonne année" et c'était tellement mieux ainsi. On a regardé des vidéos de rallye et les célèbres compiles où les gens se cassent la gueule. Et après, on s'est tous endormi dans le fauteuil, vers minuit trente. Le lendemain, on en rigolait encore, en disant que si on avait fait un super repas en regardant la télé et en se souhaitant "bonne année!" avec engouement, ça n'aurait pas été pareil.

    Malheureusement, cette année, j'ai droit au dîner organisé, dans une salle avec plein de monde que tu connais pas.

    Au moins, je pourrai dégoûter les gens avec ma robe Lanvin et leurs faux semblants.

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